
Résumé :
Nous sommes en 1991 et Franck Sharko commence sa carrière au 36 quai des Orfèvres. Pour sa première enquête, il est chargé d’éplucher les archives concernant l’affaire des disparues. Entre 1986 et 1989, plusieurs femmes ont été enlevées et tuées par de multiples coups de couteaux.
L’enquête est au point mort et Sharko doit tout reprendre avec un oeil nouveau depuis le début. Une feuille manquante dans les archives va attirer sa curiosité. Mais dans le même temps, un homme se présente au commissariat totalement paniqué. Il a trouvé d’une manière plutôt étrange la photo d’une femme attachée par les mains sur un lit, le visage caché par un sac. Commence alors la première enquête de Sharko qui le marquera à vie.
Mon avis :
Il y a des auteurs avec lesquels rendez-vous est pris chaque année et Franck Thilliez en fait partie. Car ouvrir un livre de ce dernier c’est comme ouvrir une boite surprise et ne pas savoir à quoi s’attendre avec une seule certitude, celle d’être époustouflé par le dénouement. Ici nous retrouvons notre cher Franck Sharko, personnage récurrent de la série « Sharko/Henebelle » mais qui peut se lire indépendamment puisqu’il s’agit de sa toute première enquête. Les fans apprécierons cependant les petites références au futur de ce personnage, ce qui ne gachera pas la découverte des novices de la saga. Le gros changement comparé aux autres livres de l’auteur concerne l’année où se déroule l’enquête policière. Oubliez les dernières techniques d’investigation à la pointe de la technologie comme on a l’habitude dans des livres policiers contemporains. Oubliez même les téléphones portables, les ordinateurs tout comme les mails.
Plongez trente ans en arrière où tout se faisait au téléphone fixe, où les archives étaient sur papier et où le fax ainsi que le minitel étaient monnaie courante (et le top de la modernité). Une ambiance parfaitement retranscrite et qui donne un souffle original parmi les autres ouvrages de l’auteur, permettant des situations impossibles en 2021. Nous retrouvons donc le jeune Sharko, avec l’espoir et la motivation du débutant qui commence sa carrière au 36 quai des Orfèvres. Comme c’est la tradition, il est le bleu, le petit dernier qui doit faire ses preuves et s’occuper des tâches que le reste de l’équipe ne souhaite pas faire. Un petit bizutage qui va l’amener aux archives à reprendre depuis le début l’affaire dite des disparues. Plusieurs femmes ont été retrouvées mortes et à chaque fois tuées par de multiples coups de couteaux. Il va devoir tout reprendre, tout éplucher dans les moindres détails avec un œil nouveau et de suite un détail attire son attention : il manque une page dans un classeur. Sharko sent qu’il met le doigt sur quelque chose qui a pu échapper au reste de l’équipe.
Mais dans le même temps, un homme arrive paniqué au commissariat. Il a reçu dans des circonstances mystérieuses la photo d’une femme attachée à un lit, le visage caché par un sac. Commence alors une traque du tueur sur fond de magie, d’illusions. Des thèmes que l’auteur apprécie et prend plaisir à développer. Le tout avec un sens du détail remarquable et une histoire plein d’anecdotes véridiques qui illustrent le récit à la perfection. Les pages se tournent et le doute s’installe. Comme à chaque fois, je me suis faite avoir comme une débutante : le dénouement s’est révélé à moi dans un final époustouflant. Et quel plaisir d’en savoir plus sur ce bon vieux Sharko, de le découvrir plus jeune à vouloir rester dans la loi. Mais son instinct de flic est déjà là, bien présent ainsi que son sens de la justice. Une intrigue comme toujours maniée à la perfection qui laisse le lecteur tel un spectateur après un tour de magie, sans voix. Plus qu’une réussite, un coup de cœur.
« Franck croyait aux coïncidences, aux étranges événements qui se présentaient sur son chemin pour changer la trajectoire de son destin. »
« Dans l’incompréhension la plus totale, il décacheta l’enveloppe. Elle contenait une photo en noir et blanc. En ce mardi 10 décembre 1991, à 21h24, le destin de Philippe Vasquez, employé ordinaire d’un grand magasin, venait de basculer. Il n’eut alors qu’une envie : tout lâcher et fuir en courant. »
« Le voyageur imprudent se trompant de porte aurait risqué de tomber sur le « séchoir », le local à l’odeur de viande faisandée où l’on entreposait les vêtements ensanglantés des victimes de meurtre. Impossible en revanche de pénétrer sans la clé dans le « musée des horreurs », comme on disait ici, où la Brigade des stups et du proxénétisme entassait toute sorte de matériel illicite ou sadomasochiste saisi lors d’affaires – pipes à opium, planches hérissées de pointes, appareils de torture, un vélo avec gode rouge à la place de la selle -, et où la Crim exposait, entre autres, un album photo du Japonais cannibale Sagawa. Un sacré spécimen, celui-là : en 1981, durant trois jours, il avait avalé sept kilos de chair de sa jeune victime dans un appartement de la rue Erlanger et pris trente-neuf photos détaillant chacun de ses actes. »
Ma note : 10/10