Résumé :
En Suède, le premier ministre Johan Svärd a un objectif clair, faire réduire l’obésité dans son pays. Pour cela, il commence avec des mesures comme une taxe plus importante sur le sucre. Mais très vite, ce projet de faire maigrir le pays vire à l’obsession et des lois de plus en plus strictes voient le jour : obligation de perdre du poids pour garder son travail, appartements réservés aux « minces », etc…
Dans cette spirale infernale, la plupart des gens ne semblent pas avoir conscience de la gravité de la situation. Dans cette folie qui s’empare du pays, cette course à la maigreur, certains vont essayer de changer les choses pour tenter d’arrêter cette folie. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Mon avis :
Le titre de ce livre sorti récemment peut refroidir et ne pas donner envie de le lire avec le contexte actuel. Et pourtant. Ici il n’est pas question d’une épidémie bactériologique, mais d’une « épidémie » d’obésité. Dès les premières pages le lecteur est plongé dans une société qui pourrait être la notre. Nous sommes donc ici en Suède et l’arrivée au pouvoir de Johan Svärd va bouleverser la vie des citoyens. Son but, avoir un taux d’obésité à 0% et devenir un pays modèle en terme de minceur, révélateur pour lui de bonne santé. Sauf que pour arriver à ses fins, le premier ministre est prêt à tout. Ce que j’ai beaucoup aimé c’est le fait que les mesures les plus inimaginables ne sont pas mises en place de suite. Tout se fait progressivement. Mais il en faut peu pour détruire la vie de personnes étant déjà fragiles psychologiquement. Car vous vous en doutez, même si la cible de ces mesures concerne principalement les personnes en surpoids, ceux de poids normaux tombent dans le dictât de la maigreur, du sport à outrance, de la privation de nourriture. Et petit à petit, le piège se referme. On suit ici plusieurs personnages qui vont vivre ces événements simultanément. J’ai eu notamment un gros coup de cœur pour Helena Andersson, une maman qui veut protéger sa fille à tout prix, la laisser avoir une enfance normale loin du culte de la maigreur. Certains citoyens sont conscients du danger de la situation mais ils restent minoritaires. Lorsque l’on comprend les mesures extrêmes prises par le premier ministre, on se dit que ce n’est pas possible, que la population va se révolter. Mais il n’est est rien. On se demande comment c’est possible tellement c’est affreux et impensable. Pourtant rappelez-vous des camps de concentration. Rappelez-vous de tout ce qu’il s’est passé sans que cela soit un secret. Voilà le message fort derrière « L’épidémie ». Restons vigilants, n’oublions jamais le passé pour que cela ne se reproduise pas. Une lecture forte, avec des passages très difficiles mais avec un message fort sur l’acceptation de soi, une critique de notre société d’apparence où finalement la course aux kilos à perdre est souvent plus destructrice que saine. J’ai eu un gros coup de cœur pour ce livre incroyable et bouleversant.
« Un soir elle avait suivi ses conseils et s’était préparé une tête de salade bouillie pour le dîner. Un vrai repas de fête ! avait caqueté Olga James en soulevant le tas de feuilles hors de la casserole. Mue par le devoir, Gloria avait mastiqué son plat insipide de l’autre côté de l’écran. De la salade bouillie. Comme si ça ne suffisait pas, elle s’était acheté deux sachets d’Airfood. Un goût noisette. un autre au goût chocolat. »
« Un yaourt ? Ou la dernière part du fondant au chocolat ? C’était inutile, elle le savait, elle devrait arrêter de manger autant… Gloria essaya d’évacuer cette pensée de sa tête. Ne commence pas. C’était la cinquième fois qu’elle se retrouvait devant la porte du réfrigérateur. Toute la journée, elle avait fait la même chose : des allers-retours entre la cuisine et le salon. De nouveau elle entendait la voix dans sa tête. L’ours commençait à gratter contre la paroi de son crâne avec ses grosses pattes. »
Musique écoutée pendant ma lecture : Assassin’s Creed Ambient soundtrack
Ma note : 10/10